Musique d’ameublement
On a tort de penser la musique d’ascenseur comme une chose dépassée…
Il ne me semble pas que l’usage de l’ascenseur soit tombé en désuétude et encore moins notre plaisir pour des choses aussi subtiles et banales que nos tracas quotidiens.
Rappelons au passage qu’il a été remis au goût du jour par Washed Out il n’y a pas si longtemps… et, pour mieux saisir la nature d’un tel engouement, voici quelques partitions auditives du moment !
Quentin Dupieux, de retour au cinéma avec Wrong Cops, a profité de cette occasion pour l’élaboration d’une bande son qui englobe différents moments musicaux. Mieux connu, sans nul doute sous l’alias Mr. Oizo nous offre un savant mélange, une certaine conception de la musique d’ameublement qui était si chère à Erik Satie – le concepteur, père fondateur de cette notion Iké[i]enne de la musique !
Afin de tenter de comprendre ce degré d’expérimentation, c’est très simple : imaginez-vous à même le sol, le grattant vous vous apercevez que vous vous êtes fait une montagne d’une fine couche, et vous découvrez que ce qui vous empêchait d’aller plus en profondeur n’était finalement pas si rigide que cela...
Pour en revenir à Satie, la musique où cette couche - mais cette fois-ci épidermique - fait barrière à la vie qui l’entoure, si l’on a des ongles bien aiguisés on retrouve en fait, « sous cutanée », l’essence même des Gymnopédies (1917). Il s’agit belle est bien de ratisser la musique (classique) et de tester d’une certaine manière les limites de sa construction occidentale.
Nous nous sommes limités, jusqu’à présent, à des chansons dépourvues de poésie ou de voix humaines en un certain sens. Cependant qu’elle est le rôle de cet ajout, comment allier la musique au chant ?
Mos Def - Mrs Fat Booty (Louis Futon Remix)
En lui conférant un espace propre, non dénué d’un fond sonore mais en laissant aux sons la primauté comme le fait Louis Futon sur ce remix. Et pourtant, cette superposition nous transporte vers un niveau plus élevé…
Quelque chose de multiple et d’unique. Serait-ce là ce que Arthur Schopenhauer voyait dans « l’addition de la poésie à la musique » qui, en accompagnant le chant de paroles intelligibles nous interpelle et nous renvoie alors à nos « deux modes de connaissances, le plus direct et le plus indirect » qui se retrouvent alors, ici, à « s’exercer de concert » (1819).
Et voilà tout. Nous resterons ainsi, d’une certaine façon, sur notre fin (?).
Yours faithfuly,
Red.